« Si je peux atteindre les 10 buts, je serais très heureux » Interview avec Loïs Diony
Auteur de 6 buts et de 5 passes décisives en 21 matchs pour sa première saison en Ligue 1, Loïs Diony (24 ans) crève l’écran et attise les convoitises. Pourtant, tout n’a pas toujours été simple pour l’attaquant du DFCO. Entretien.
Quel regard portes-tu sur ce statut de « révélation » de cette première partie de saison ?
« Révélation », c’est un peut-être un grand mot. Moi je pense que je suis dans la continuité de ce que je fais avec Dijon et de mon rythme de progression. Après, ça fait toujours plaisir d’entendre ça, mais je pense que je ne l’ai pas volé, parce qu’aujourd’hui j’ai des stats qui le démontrent, et sur le terrain aussi.
Finalement, es-tu simplement dans la continuité de ce que tu faisais l’an passé en Ligue 2 ? (Il avait inscrit 11 buts et réalisé 4 passes décisives en 29 matchs de Ligue 2, ndlr.) As-tu un objectif de buts cette saison ?
Oui, chaque début de saison, je veux atteindre les 10 buts avant décembre. Cette année, j’ai mis 5 buts et fais 5 passes décisives donc combiné ça fait 10 (rires). Pour un attaquant, c’est toujours mieux de mettre des buts, donc si je peux atteindre la barre des 10 buts cette année, et après voir plus haut, je serais très heureux.
Et justement, quand on est attaquant, on prend plus de plaisir à marquer un but ou à faire une passe décisive ?
On prend plus de plaisir à marquer, mais après, quand tu délivres des caviars pour tes coéquipiers qui n’ont plus qu’à la pousser au fond c’est aussi bien. Tu vois ton ami heureux, de le rendre heureux et de le faire marquer, c’est magnifique.
Tu as senti une différence entre la Ligue 1 et la Ligue 2 ?
Oui, en Ligue 1 c’est beaucoup plus tactique ! Je me rends compte aujourd’hui que nous sommes observés par l’adversaire en vidéo, ce qui oblige à varier notre jeu, et à changer un petit peu.
On te reproche d’être quelqu’un de « cru », qui ose dire les choses (A la fin du match Bordeaux-Dijon, perdu 3-2 dans les dernières secondes, il avait déclaré : « on se casse le cul devant mais en défense… » ndlr.). Penses-tu que ça puisse te jouer des tours un jour ?
Non je suis quelqu’un de vrai tout simplement. Après, jamais je n’ai manqué de respect ou je n’ai été insolent. À Bordeaux, c’était une erreur de jeunesse de ma part et c’est du passé donc j’ai très vite oublié. Je me suis mal exprimé. Jamais, que ce soit aux joueurs, au staff ou aux supporters, je n’ai manqué de respect à personne. Malgré ce que certains peuvent penser, je n’ai pas la grosse tête. Quand on me connaît, on sait comment je suis.
Tu peux nous expliquer la maladie d’Osgood qui t’a touché alors que tu étais encore adolescent ?
Oui j’avais 12 ans. En fait, quand tu grandis trop vite, tu as une boule au genou qui se crée. Tu ne peux plus jouer, tu n’es plus à 100% de tes capacités, tu dois arrêter le foot. Sauf que quand tu es jeune, tu continues à jouer en cachette au quartier, et ça ne se soigne pas très bien. Quand j’ai intégré le centre de formation des Girondins, j’ai été soigné, mais quand tu t’entraînes tous les jours, tu forces dessus. Et avec le temps, c’est devenu un arrachement osseux. Ça devenait de plus en plus douloureux, et pendant 7 ans j’ai joué avec. Ce n’était pas facile, mais une fois opéré tout allait beaucoup mieux.
On va revenir sur ton parcours maintenant. A 12 ans, tu quittes le Stade Montois et tu rejoins le centre de formation de Bordeaux mais tu ne restes pas. Pourquoi ?
Je reste 7 ans, Bordeaux veut me conserver mais je décide d’aller à Nantes, pour rejoindre Guy Hillion, recruteur au FCN qui m’avait fait venir à Bordeaux. Ça a été un choix très difficile, j’ai dû quitter ma deuxième maison mais je n’ai pas de regret.
Tu files ensuite à Nantes, mais là ça ne fonctionne pas. Maintenant que tu as « percé », tu as un sentiment de revanche par rapport au fait qu’ils ne te conservent pas ?
J’ai été déçu de ce qu’il s’est passé à Nantes, mais bon c’est la vie. Peut être que c’est grâce à eux que j’ai su me bouger le cul et rebondir. Ça a été un mal pour un bien. Mais bon, la façon dont ils l’ont fait avec moi, ça me laisse aussi revanchard. Ça a quand même été de belles années, même si ça c’est mal terminé.
Donc à ce moment-là, tu décides de passer par la case « football amateur », pourquoi ?
En fait, j’étais blessé les 3 derniers mois en fin de championnat. On était presque début août, donc le championnat allait bientôt recommencer, et je n’avais toujours pas de club. Beaucoup de gens voulaient m’envoyer en National ou je ne sais où. J’ai hésité entre un club de CFA en Bretagne et Mont-de-Marsan. Mais ma mère m’a dit de rentrer à la maison, en assurant que ça me ferait le plus grand bien. Alors je l’ai écouté et j’ai bien fait. C’est grâce au club de Mont-de-Marsan, joueurs et staff, que je suis ici aujourd’hui.
Que t’a apporté cette expérience ?
Ça m’a forgé le mental, et j’ai retrouvé un instinct de tueur, de quelqu’un qui a faim. Parce que quand tu es dans le monde pro tu es un peu chouchouté, tu as tout ce que tu veux, et là d’un seul coup je ne l’avais plus, donc j’ai dû le regagner. J’ai retrouvé ma vraie nature.
Tu restes 6 mois le temps d’inscrire 9 buts en 15 matchs, et là tu fais un essai concluant à Dijon. Comment tu as géré le passage du monde amateur au monde pro ?
Oui, je suis d’abord allé à Dijon et après à Tours. Caen me voulait aussi mais eux c’était plus pour l’été suivant donc ça ne s’est pas fait. Dijon m’a pris direct pour l’hiver. C’était un rêve qui se réalisait, ils me proposaient d’être professionnel, donc j’ai tout de suite accepté. Passer du monde amateur au monde pro, ce n’était pas facile. Je suis arrivé sur la pointe des pieds dans un vestiaire où je ne connaissais personne. Au début, ce n’est pas facile, parce que tu es éloigné de ta famille, de tes amis, avec qui tu étais tous les jours pendant 6 mois, et maintenant tu dois tout recommencer dans une équipe professionnelle, c’était compliqué. Après, Dijon est réputé pour sa proximité avec ses joueurs, et cela a aussi joué dans mon choix, parce qu’on est vraiment dans une famille.
Tu as l’air de beaucoup fonctionner à l’affectif, c’est important pour toi ?
Oui, un bon environnement me permet d’être au maximum de ma confiance, et j’ai besoin de ça pour me sentir bien.
« Je pense qu’il ne sera plus là la saison prochaine » a déclaré ton président Olivier Delcourt. Si tu pars, c’est pour aller où ? Quel championnat te fait rêver ?
C’est au président d’en décider. Moi je suis là pour terminer la saison. Si je dois aller au bout de mon contrat, je resterai. Si je dois partir, je partirai. Mais sinon comme tout joueur, l’Angleterre est un championnat qui fait rêver beaucoup de personnes… Même si on n’en est pas encore là.
Aujourd’hui, Dijon est 13ème mais avec seulement 2 points d’avance sur l’avant-dernier. Pourtant vous pratiquez un bon football, comment expliques-tu que vous ne soyez pas à l’abri ?
On joue bien au foot, après on n’arrive pas à terminer des matchs avec le score qu’on mérite, c’est rageant. On est capable du pire comme du meilleur. Mais on est en train de travailler, et ça a payé à Lorient, donc c’est de bon augure pour la suite. En tout cas, on va tout faire pour se maintenir, parce qu’on a des qualités et on peut mettre en danger beaucoup d’équipes.
En tant que numéro 9, quel attaquant t’a inspiré quand tu étais jeune ?
Nicolas Anelka, ça a toujours été mon idole. Depuis tout petit, j’ai suivi son parcours. Après il y en a d’autres, mais surtout Anelka.
Et en Ligue 1 ?
J’aime bien Cavani, et aussi ce que fait Lacazette.
Si tu devais donner un favori pour la Ligue 1, quel serait-il ?
J’ai toujours dit que ça allait être le PSG, mais Monaco et Nice s’accrochent bien aussi, donc il faut voir.