Quand la Chine tente de conquérir le monde du foot
Axel Witsel, Carlos Tévez, Oscar… Leur point commun? Ils ont rejoint le championnat chinois tout récemment. Quelques noms qui s’ajoutent à une liste beaucoup plus longue qu’on ne le pense. Alors que Pierre-Emerick Aubameyang a refusé un salaire XXL proposé par le Shanghai SIPG, ce début de mercato confirme la tendance : le championnat chinois et ses yuans à profusion attirent les footballeurs. Des joueurs talentueux, qui sacrifient leur carrière au profit d’un niveau de vie encore plus luxueux que celui qui leur est déjà proposé dans des équipes de qualité en Europe. Oscar, Tévez, Drogba, Anelka, Jackson Martinez, Lavezzi… Des noms somme toute assez ronflants, qui en appellent d’autres : Ricardo Carvalho, Benteke ou encore Defour auraient également été approchés par ces clubs chinois possédés par de grandes firmes très riches. Aile de Pigeon vous propose un plan large sur cette nouvelle puissance footballistique en pleine expansion.
Alors que nous avons à peine posé le pied en 2017, le mercato hivernal bat déjà son plein dans le monde du football. De nombreux clubs comptent profiter de ce mois de janvier pour renforcer leur équipe. Les tractations, pourparlers et autres rumeurs de transferts vont bon train depuis déjà plus d’une semaine. Alors que les grandes écuries s’activent à l’image du PSG avec l’arrivée du très prometteur Julian Draxler ou de l’OM qui a décidé de racheter Dimitri Payet, ce n’est pas l’Europe qui a attiré l’attention lors de ce mercato. Tous les regards sont de plus en plus tournés vers ce qui ressemble à un nouvel eldorado pour les footballeurs : la Chine.
Des clubs qui recrutent à tout va…
La Chine séduit, la Chine plaît et la Chine gagne en popularité de façon exponentielle auprès des joueurs évoluant en Europe. Des salaires exorbitants, des primes inimaginables, un chouchoutage permanent : tel est le quotidien des joueurs qui se sont (plus ou moins) distingués en Europe, avant de rejoindre le championnat Chinois.
Derrière le Guangzhou Evergrande de Paulinho et Jackson Martinez, machine à gagner (six titres de champion de Chine lors des six dernières saisons, deux coupes de Chine et deux Ligue des Champions asiatiques depuis 2012) dirigée par Luiz Felipe Scolari depuis 2015, se dressent d’autres formations à l’appétit de titres croissant : le Shanghai SIPG, vice-champion la saison passée, a marqué un grand coup en recrutant Oscar lors de ce mercato, qui rejoint ainsi son compatriote Hulk et le ghanéen Asamoah Gyan.
On retrouve également le plus médiatisé Shanghai Shenhua (qui a vu passer Didier Drogba, Nicolas Anelka, Demba Ba, Fredy Guarin, Obafemi Martins) et sa nouvelle star Carlos Tévez qui a signé pour un salaire colossal de 38 millions d’euros par an après sa parenthèse enchantée chez lui, à Boca Juniors, où il ne touchait « que » deux millions par saison. Un championnat complété par la présence d’équipes tout aussi prêtes à investir des milliards comme le bien-nommé Hebei China Fortune, promu aux dents longues (Gervinho, Lavezzi, Mbia, Kakuta) ou encore le Jiangsu Suning (Ramires, Alex Teixeira).
…pour draguer le président chinois
Poussées par l’amour du football du président chinois Xi Jinping et sa volonté de développer ce sport en Chine, certaines grandes entreprises sont prêtes à tout pour satisfaire les besoins et envies de l’homme politique et s’attirer sa sympathie, et investissent donc massivement dans le milieu du football. C’est ainsi qu’en plus de l’arrivée de joueurs stars dans leur championnat, la Chine a également vu émerger des centres de formations gigantesques pour rendre l’équipe nationale enfin compétitive sur le plan international. En plus du recrutement de Marcelo Lippi comme sélectionneur après un passage au Guangzhou Evergrande, les règles imposées aux équipes chinoises (trois joueurs étrangers maximum alignés sur la pelouse + un joueur asiatique) devraient permettre à l’Empire du Milieu de favoriser la progression de ses joueurs.
Quand argent et luxe prennent le pas sur gloire et titres
Il est vrai qu’à l’instar de la Major League Soccer aux Etats-Unis, le championnat national chinois fait office de havre de paix financier et offre un cadre de vie exceptionnel pour des joueurs en fin de carrière. Cependant, les salaires monstrueux proposés par les clubs chinois ne séduisent plus seulement les papis du ballon rond. De jeunes joueurs très prometteurs ou au sommet de leur carrière succombent de plus en plus aux charmes de l’argent et du luxe, mettant de côté leurs ambitions sportives. Beaucoup de sud-américains et notamment de brésiliens correspondent à ce cas de figure : Paulinho, Oscar, Ramires, Alex Teixeira… Tous ont quitté des clubs prestigieux comme Tottenham (Paulinho) ou Chelsea (Oscar et Ramires) pour la Chine. Leur objectif était-il de se réfugier loin du pays avec Luiz Felipe Scolari afin d’oublier la cinglante défaite en demi-finale du mondial 2014 ? Sûrement pas : le principal motif de tous ces départs est bel et bien de gagner le triple d’un salaire déjà majestueux offert par les grosses écuries européennes.
Ne soyons pas trop méchants envers les brésiliens, car nos voisins transalpins semblent eux aussi apprécier l’hospitalité chinoise. Outre Marcelo Lippi à la tête de l’équipe nationale, on note aussi les passages d’Alberto Gilardino, ancien goleador de la Serie A durant sa grande époque, à Guangzhou lors de la saison 2014-2015, d’Alessandro Diamanti dans le même club entre 2014 et 2016 et enfin de Graziano Pellè qui évolue actuellement au Shandong Luneng. Le meilleur pour la fin : Fabio Cannavaro, Mondial 2006, celui qui soulève le trophée et qui pique le ballon d’or à Zizou, ça vous dit quelque chose ? Eh bien oui, après son passage en 2010 à Dubaï en tant que joueur, il a débuté en tant qu’entraîneur au Guangzhou Evergrande (2014-2015), avant de passer par Al Nasr Riyad en Arabie Saoudite (2015-2016) pour finalement atterrir à nouveau en Chine au Tianjin Songjiang où il a remporté son premier titre, champion de deuxième division chinoise. Amour du sport, quand tu nous tiens…
Un gâchis regrettable
Bien que la situation financière des footballeurs professionnels évoluant en Europe ne soit pas trop difficile, c’est bien pour assurer « le futur de sa famille », d’après ses mots, qu’Axel Witsel a lui aussi délaissé l’Europe pour profiter d’un juteux contrat en Chine. Un point de vue qui a profondément heurté les médias de son pays, qui lui sont violemment tombés dessus : la RTBF estime que la soif d’argent des footballeurs semble supérieure à leur désir de remporter des titres, tandis que la Libre Belgique fustige le milieu de terrain, le qualifiant de « lâche » et évoquant cette pseudo-excuse comme une « insulte » envers les gens qui « travaillent pour nourrir leur famille ».
Même si les médias belges ont été particulièrement violents avec Witsel, il est vrai qu’il paraît dur à comprendre comment des joueurs qui peuvent potentiellement devenir de véritables icônes dans leur pays, remporter des Ligue des Champions ou des Coupe du Monde ne parviennent pas à attendre la fin ou un début de déclin de leur carrière pour s’engager dans un tel championnat… On comprend les entraîneurs qui, après avoir tout gagné (ou pas), cèdent au chant des sirènes (coucou Marcelo Lippi, Andre Villas Boas, Luiz Felipe Scolari, Fabio Cannavaro, Manuel Pellegrini, Gustavo Poyet, on ne vous a pas oubliés, on sait que vous aussi vous recevez des salaires mirobolants). Tout ça pour dire une seule chose au final : la Chine, ses yuans par milliers, après tout pourquoi pas ? Mais aller enterrer son talent là-bas quand on n’a pas dépassé 27 ans, seulement pour quelques dollars de plus… Même Sergio Leone serait d’accord : quel gâchis !