L’OGC Nice pointe, après huit journées, au sommet de la Ligue 1. Étonnant pour beaucoup, les belles prestations et l’invincibilité du Gym en championnat sont pourtant loin d’être le fruit du hasard. Après avoir bientôt atteint le quart du championnat, Nice compte bien poursuivre son petit bonhomme de chemin jusqu’au bout. Dans 30 journées.
Après être remonté en Ligue 1 en 2002, Nice a joué au yo-yo durant de nombreuses saisons : 16ème en 2006/07, 17ème en 2013/14, 4ème en 2012/13 puis en 2015/16. Ce début de saison semble être la confirmation d’une volonté de se stabiliser, et de pérenniser sa place dans les devants du classement. En est pour preuve le mercato réalisé par le club Azuréen cet été : Mario Balotelli, Younès Belhanda, Dante, … Le casting est plus qu’intéressant.
Un mercato expérimenté
Certes, des joueurs comme Balotelli ou Belhanda étaient en manque de rythme depuis quelques saisons, mais le pari a des chances de s’avérer payant au final. Nice a, en un an, acquis la réputation de relancer des « expoirs », grâce à un homme : Hatem Ben Arfa. Arrivé libre de tout club, après avoir peiné à Newcastle et en Championship, à Hull City, le natif de Clamart a su s’imposer à Nice, jusqu’à retrouver son meilleur niveau. Celui qui a été dans l’équipe-type de la saison passée a été un des artisans qui a permis à Nice de réaliser une saison presque rêvée. Et Balotelli semble avoir envie de suivre les pas de son prédécesseur : après six buts en cinq matchs, « Super Mario » est devenu une idole auprès du public de l’Allianz Riviera, mais est surtout symbole de la néo-notoriété du leader de Ligue 1, qui aurait peiné à attirer des joueurs de cette envergure il y a de ça quelques années.
Point commun entre tous ces joueurs ? Ils ont tous déjà pas mal d’expérience au haut niveau, que ce soit en France, mais surtout à l’étranger. Pourtant, selon une étude MadeInFoot, l’OGC Nice est l’effectif le plus jeune de Ligue 1, avec une moyenne d’âge de 23,3 ans.
La part belle à la jeunesse
Les opposés s’attirent dit-on. A Nice, le dicton prend presque tout son sens. Outre-les gros noms recrutés durant ce mercato, des joueurs comme Wylan Cyprien, Anastasios Donis, Arnaud Lusamba ou Dalbert pour ne citer qu’eux sont venus renforcer l’effectif Niçois. Beaucoup découvre la Ligue 1 cette saison, avec l’objectif de se plonger le plus vite possible dans le grand bain. Certains, comme Cyprien, ont déjà réussi leur entrée. D’autres attendent une confirmation, mais rien d’alarmant, loin de là.
Dans la capitale azuréenne, on laisse également la parole aux locaux. Et eux aussi sont jeunes. Après Vincent Koziello qui a explosé sous les couleurs Rouges et Noires la saison passée, c’est un autre joueur formé au club qui impressionne cette saison. Plus jeune de 3 ans, le défenseur Malang Sarr étonne autant que son coéquipier du milieu de terrain l’an passé. Troisième joueur le plus utilisé par Lucien Favre, sa maturité à ce poste si souvent décrit comme un poste de « tauliers » fait de lui un réel espoir. Après son premier but dès le premier match de la saison face à Rennes, Sarr continue de prouver son talent rencontre après rencontre.
La réussite du centre de formation est là encore le fruit d’un travail intelligent réalisé par l’OGC Nice, qui a décidé de miser en partie sur sa formation.
Un tacticien habitué aux performances
On pourrait aussi citer les belles performances de Baysse, qui a désormais un rôle de pilier dans la charnière Niçoise, ou de Ricardo, qui assure à son poste de latéral droit.
Mais la recette de la réussite vient aussi de Lucien Favre, le tacticien Suisse arrivé cet été de Mönchengladbach. Après avoir propulsé le club Allemand des places d’honneur de Bundesliga à la Ligue des Champions, et avoir pris sous son aile des (anciens) jeunes joueurs comme Marco Reus, Inler ou Dzemaili, Favre a décidé de se lancer en Ligue 1 cet été. Et celui qui prône un jeu porté vers l’offensive a réussi à vite s’adapter au paysage Niçois, et à faire peu à peu oublier Claude Puel. Au début décrié pour avoir mis en place un 3-5-2, ce dispositif est désormais presque entré dans les mœurs à l’Allianz Riviera. Certes, il n’est pas infaillible, et a montré quelques limites lors du match face à Marseille, malgré une victoire 3-2 au final. Mais il permet de mettre en pratique le jeu offensif voulu par Favre. Et, à force d’abnégation, le 3-5-2, une fois bien maîtrisé, peut-être une véritable arme. En le travaillant bien, comme certaines équipes Italiennes (la Juventus en 2014, la sélection Italienne récemment) il peut faire tomber les plus gros… à commencer par Lyon vendredi ?
Pas d’embellie soudaine
Lyon, l’échéance à venir, n’est pourtant pas un tournant dans la saison des Niçois, du moins c’est ce qu’expliquait Lucien Favre cette semaine. Et si la touche finale de la recette gagnante, c’était ça : la modestie. A l’issue de chaque « point presse », tous les joueurs réquisitionnés ont ces mots, ou presque : « Une première place bien plus qu’anecdotique pour le moment », « On travaille maintenant comme on travaille depuis le début, rien n’a changé ». Pas de pression donc, et encore moins pour le président Jean-Pierre Rivère. Certes, il n’hésite pas à féliciter ses hommes après chaque belle performance, mais il ne veut pas tomber dans l’illusion de la première. Lui-même le dit : « la donne changera sûrement si nous sommes toujours à cette place lors de la 36ème journée ». Pas d’inquiétude donc, pour un club nourri d’ambitions, mais qui n’espérait sans doute pas pointer à cette place à la mi-Octobre.
Quelles limites pour les Niçois ?
Les limites sont bien réduites pour les Aiglons : perdre la première, voir la deuxième place, ne ferait pas de l’OGC Nice un club en crise. Il y a donc une certaine marge de manœuvre pour les Azuréens. En revanche, l’accumulation des matchs, entre championnat, Europa League et Coupes, pourrait vite être préjudiciable à un effectif jeune, encore en recherche d’expérience. Attention toutefois à ne pas entrer dans le phénomène inverse : se relâcher sur des matchs, notamment en championnat, pourrait à terme tuer toute ambition de (très) haut de classement. Le meilleur exemple reste le match face à Lorient. Juste revenus d’un déplacement en Russie, les Niçois abordaient sereinement le match face à des Merlus peu en verve. Après que Pereira ait rapidement ouvert le score, les Rouges et Noirs se sont relâchés, jusqu’à concéder l’égalisation en seconde période. Après avoir laissé passer un orage qui aurait pu être plus violent au niveau du score, Balotelli a fini par donner les trois points aux siens, grâce à un but dans les derniers instants du match. Espérons également que le club ne tombe pas dans une « Balo-dépendance ».
Ainsi, le match de demain ne peut effectivement être considéré comme tournant de la saison, mais une victoire sur ses terres permettrait d’éloigner un peu plus un adversaire aux premières places, voir au podium. Que du bonus.