Après vous avoir présenté la MLS et la Chinese Super League, Aile de Pigeon continue son tour du monde des championnats exotiques et vous emmène cette fois ci dans le championnat où Apoula Edel a été élu meilleur gardien, l’Inde.
Alors non, on ne s’est pas trompé et on est vraiment sérieux, il existe bel et bien un championnat de football professionnel en Inde et il a débuté le week-end dernier. Si vous n’en aviez jamais entendu parler, cela reste compréhensible, l’Indian Super League a seulement 2 ans d’existence. Le championnat a été bâti sous l’impulsion de l’entreprise IMG Reliance, désireux de rendre le football populaire dans le 2ème pays le plus peuplé au monde, là où le cricket est roi. À noter que le groupe a acquis la totalité des droits commerciaux de l’ISL. Grâce au championnat, le football se développera et le pays en profitera pour améliorer ses infrastructures. Autres gagnants, les joueurs locaux vont pouvoir bénéficier de l’expérience des stars qu’elles côtoient quotidiennement. Une expérience qui aidera probablement l’équipe nationale à grimper au classement FIFA (aujourd’hui les Bhangra Boys sont classés 167ème).
Le championnat indien s’apparente énormément à la MLS, le championnat américain. En effet il n’est disputé que par 8 franchises qui payent des droits pour intégrer la ligue, par conséquent il n’y a ni relégation ni promotion. Pendant 2 mois, 8 équipes (Chennai FC, Mumbai City FC, Atlético de Kolkata, Pune City, Delhi Dynamos, Kerala Blasters, NorthEast United et FC Goa) vont s’affronter. À la suite des quatorze matches de la saison régulière, place aux demi-finales (aller-retour) disputées par les 4 premiers, tout cela avant la grande finale.
Les effectifs se composent de 14 joueurs locaux, 7 internationaux et d’une star, le marquee player. Ce dernier est le seul qui peut se voir offrir un salaire illimité. L’argent c’est d’ailleurs ce qui attire les stars. Pour exemple, l’an passé Robert Pires a touché 600 000 € pour seulement 6 semaines de compétition. Ces opérations financières sont réalisables grâce au soutien financier de certains clubs européens. C’est le cas de la Fiorentina en partenariat avec le FC Pune City ou encore de l’Atletico Madrid qui parraine Calcutta, partenariat gagnant pour ce dernier puisque le club a remporté le premier titre de champion d’ISL.
On vous a parlé de stars, venons en. La plupart sont dans la case « vétérans » mais possèdent encore quelques restes, encore de quoi exister dans un championnat de faible niveau.
Pour la première année il y avait du lourd sur les terrains Luis Garcia, Elano, Del Piero, Pires, Ljungberg, Capdevilla, D.James et Trezeguet rien que ça. Et pour coacher tout ça, des noms comme Zico ou Materazzi.
Cette année, les têtes ont changé, exit les champions du monde 98 que sont Pires et Trezeguet ainsi que la légende Del Piero et place à du sang neuf. Postiga, Roberto Carlos, Lucio, Adrian Mutu, Simao Sabrosa, Riise, Zokora, Uche, Anelka et Carlos Marchena sont arrivés en Inde au plus grand plaisir des fans.
Parmis ces stars, certaines nous sont familières puisqu’elles sont françaises (cocorico). Alors certes le mot « star » est bien grand pour des joueurs comme Mendy ou Piquionne mais colle plus quand on parle d’Anelka ou Malouda. Les joueurs, qu’importe leur statut, ont reçu un accueil digne de ce nom en Inde
En effet là-bas, tout est fait pour que le championnat soit un véritable show et plaise à tous ; des affiches des stars sont présentes partout dans le pays, des feux d’artifices sont tirés à chaque but et la stratégie commerciale fonctionne. Les indiens ont très bien accueilli le football puisque l’an dernier les rencontres rassemblaient en moyenne 24 000 spectateurs. Continuons avec les chiffres, près de 170 millions de téléspectateurs étaient devant leur écran pour suivre la première semaine. Le match d’ouverture Atlético de Kolkata-Mumbai City a réuni à lui seul près 74 millions de téléspectateurs, preuve que l’engouement est fort autour de l’ISL.
Mais la question que tout le monde se pose est la suivante: jusqu’à quand cette ferveur va-t-elle durer tant du côté des fans que celui des joueurs ? Le championnat est artificiel et a littéralement détruit le vrai championnat en Inde, celui de la Ligue, l’I League. Les clubs d’I League et leurs dirigeants sont hostiles à l’ISL qui pompent tous les droits TV et enrôlent leurs meilleurs joueurs, qui préfèrent se confronter à des stars en préretraite venus ici pour amasser un dernier gros contrat. Dès lors le football a-t-il véritablement un avenir en Inde ? On verra bien comme disait ce bon vieux Nekfeu.