06 mai Le stade Bauer vît il ses dernières heures ?
Le mythique stade du Red Star va peut-être être amené à disparaître. Mais ce serait là une grosse perte pour l’histoire du football français, tant ce stade est mythique. Et malheureusement pour lui, futur ne rime pas forcément avec Bauer à Saint-Ouen…
The begininning. Le stade commence sa vie en 1909, avec un duel franco-anglais, opposant le Red Star (qui délaisse son stade de Bir Hakeim pour le Stade de Paris, ancien nom de Bauer) à l’Old Westminsters F.C. Le stade accueillera, deux ans plus tard, le premier match international de son histoire : France – Angleterre. L’Equipe de France prendra alors ses quartiers au Stade de Paris, aux côtés du Red Star, jusqu’à la Première Guerre Mondiale. A l’époque, le Red Star est une des plus grandes écuries du football français ; le club de Saint-Ouen dispute des matchs face aux grandes écuries britanniques (Tottenham par exemple). Le club remporte également trois coupes de France d’affilée en 1921, 1922 et 1923. En 1924, le stade de Paris accueille deux matchs du tournoi Olympique : Hollande – Irlande et Egypte – Hongrie.
Le stade se retrouve également très impliqué durant la Seconde Guerre Mondiale. En effet, le stade prend le nom d’un docteur de la ville, qui fut résistant et fusillé par les nazis en 1944. L’histoire ne s’arrête pas là : un jeune italien du nom de Rino Della Negra débarque au Red Star. Il est également membre du groupe Manouchian, célèbre groupe de résistants communistes. Il se fera arrêter puis fusiller en 1944 aux côtés d’autres résistants. Dans sa dernière lettre, Della Negra demande à son frère de « passer le bonjour et l’adieu à tout le Red Star ». Un bruit court également comme quoi les vestiaires du stade auraient servis de cache aux armes du groupe Manouchian. On pourrait alors se dire que le Red Star est nommé ainsi car proche du communisme… Et bien pas du tout : Jules Rimet, le fondateur du club, avait la volonté de s’inspirer des anglais pour nommer son club de football, d’où l’usage de termes anglais. Quant au symbole de l’étoile rouge, il est apparu bien après la nomination du club, à la fin du 19ème siècle…
Après la guerre, le stade commence son renouveau : on installe tout d’abord deux nouvelles tribunes en 1947, qui porte alors la capacité du stade à 23.000 places. Dès l’année suivante, le record d’affluence de Bauer sera alors battue à l’occasion d’un Red Star – Olympique de Marseille. Lors de la saison 71/72, le stade va accueillir les matchs du nouveau club de la capitale, alors en attente de la construction de son stade : le Paris Saint-Germain. En 1975, on installe une nouvelle tribune. Le stade est retenu par l’équipe nationale du Brésil pour venir préparer la Coupe du Monde en France. Ainsi, en 1998, Ronaldo, Roberto Carlos, Dunga, Rivaldo et autres stars du football viendront s’imposer 3-0 face à l’équipe d’Andorre sur la pelouse de Bauer. En 1998, le Red Star se voit être obligé de quitter son stade pour cause de normes, et déménage donc au stade Marville, situé à La Courneuve. Durant cette période, le club perd de sa superbe et descend en DH. Le Red Star dépose même le bilan mais est finalement racheté en 2003. Le retour à Bauer marque le renouveau du club, qui parvient à se hisser en National dès 2011. Mais malgré cela le stade reste toujours vétuste, les gradins commencent à se dégrader, les tôles recouvrant les tribunes s’affaissent… Actuellement, le stade a une capacité de 3000 places, et possède une pelouse synthétique, qui pourrait prochainement faire l’objet d’un changement pour passer à une pelouse plus naturelle.
Aujourd’hui, le club de Saint-Ouen va très certainement monter en Ligue 2, puisqu’il occupe la 1ère place du championnat de National. Mais ce passage entre les deux divisions pose la question : Et demain ? Demain, il va falloir réaliser de nombreuses améliorations pour que le Red Star ait la possibilité de jouer un cran au-dessus. L’actuel président, Patrice Haddad, souhaite construire un nouveau stade sur les docks de Saint-Ouen. Un stade moderne, pour pouvoir à l’avenir rivaliser avec le club de la capitale, le PSG. Coût approximatif de la chose ? 200 millions d’euros. On cherche alors d’éventuelles solutions de secours pour les saisons prochaines : le MMArena au Mans, le stade la Licorne à Amiens, Jean-Bouin… mais aucun ne convient vraiment : trop loin, pas assez esprit « Red Star ». Selon Le Parisien, un accord temporaire a été trouvé pour que le Red Star puisse disputer quelques rencontres au Stade de France et à Saint-Gratien. Mais cela ne sera que temporaire et plus le temps passe, plus l’échéance est proche ; la solution de Bauer reste alors la solution principale, et celle que privilégie le président. Mais la solution est coûteuse (environ 2 millions d’euros) et, malgré le soutien de la mairie, les fonds manquent encore.
De toute façon, pour certains, ce sera « Bauer for ever » : un collectif a été mît en place pour que le Red Star reste à Bauer, même en 2020. Pas question de leur parler des docks ou de Paris. Pour eux, il est tout à fait possible de reconfigurer entièrement le stade tout en restant à Bauer. Et pour défendre leurs idées, les membres du collectif se reposent sur plusieurs arguments :
- A quoi bon vouloir agrandir le stade quand l’affluence moyenne tourne autour des 1500 spectateurs par match ?
- Le Red Star est lié à Bauer depuis presque toujours, il est impensable que cela change.
- Bauer est un des principaux lieux de mixité sociale et culturelle dans la banlieue proche de Paris, pourquoi le faire disparaître ?
- Le stade reste un des symboles de la résistance française durant la Seconde Guerre Mondiale
- Il fait partie du patrimoine du sport français
La question du stade est même entrée dans la politique locale, et pourrait même s’avérer déterminante dans l’avancée du projet… En tout cas, nous en saurons forcément plus dans très peu de temps, puisque le championnat se termine à la fin du mois de mai. Et tout le monde devra se mettre d’accord d’ici le mois de juin.
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