Quel est le point commun entre Udinese, Grenade et Watford ? Si ce n’est que les trois clubs jouent leur maintien, aucun, mais si on se penche d’un peu plus près sur l’administration des 3 clubs, un nom revient : Giampaolo Pozzo. Mais qui est cet homme ? La réponse est simple, l’homme d’affaire italien est le président des 3 clubs, rien que ça. Aile de Pigeon dresse pour vous la description de la construction d’un véritable empire footballistique.
Débutons par celui qui a bâti cet empire, Giampoalo Pozzo donc. Le charismatique homme d’affaire italien de 74 ans a fait fortune grâce à ses 2 sociétés industrielles exploitant le bois, La Freud et la Casals. Cette dernière est toujours la propriété du frioulan à l’inverse de la Freud dont il a su obtenir une forte somme après sa vente à la firme Bosch. Acheter à bas coût pour ensuite faire une belle plus value c’est la marque de fabrique de la famille Pozzo, car oui Giampaolo n’est pas seul dans l’histoire. Il est épaulé par Gino Giampaolo qui n’est autre que son fils. Une affaire de famille donc qui tourne plutôt bien et qui dure.
En 1986 Pozzo acquiert le club d’Udinese. Dès ses débuts, Pozzo s’est montré être un homme intelligent puisqu’il a profité des difficultés du club, alors rétrogradé administrativement en Série B pour une affaire de matchs truqués, pour en prendre les rênes. Après des années à osciller entre l’élite et l’antichambre du Calcio, Udinese se stabilise en Série A depuis le milieu des années 90, grâce à une politique sportive exemplaire. Le club du frioul est aujourd’hui une valeur sûre du championnat italien toujours là pour jouer les troubles fêtes.
La politique est en théorie simple mais la pratique s’avère elle, plus complexe. En effet le scouting peut être un véritable succès s’il est géré de manière intelligente et c’est le cas à Udinese où environ 50 recruteurs arpentent les terrains d’Amérique du Sud, d’Europe de l’Est ou d’Afrique pour dénicher la perle rare, celle que tous les grands s’arracheront. Et comme à Porto, une salle de télévision où défilent des matchs de jeunes du monde entier est à leur disposition, aucun talent n’échappe à la vigilance des recruteurs.
Une politique plus qu’intelligente et grâce à laquelle Pozzo rempli ses caisses ; en 3 étés (2012, 2013, 2014) Udinese a empoché un joli pactole de 150 millions grâce aux ventes de Sánchez 26M, Cuadrado 20M, Asamoah 18M, Inler18 M, Pereyra et Isla 28M, Benatia 13,5M, Handanović 12M, Zapata 9M.
Seulement certains jeunes n’ont pas la réussite des Alexis et consort. Une partie est alors offerte à la Primavera mais l’avenir de beaucoup de jeunes joueurs restent en suspens. Et c’est la qu’intervient Grenade et Watford. Udinese y place des joueurs ou espoirs sur lesquels ils ne veulent pas dans l’immédiat pour ne pas que ces derniers perdent de la valeur, et continuent à gagner en expérience et en talent.
Ce petit stratagème a pris forme à partir de 2009. À cette époque le club de Grenade végète en 3ème division espagnole et, criblé de dettes, est au bord d’être rayé de la carte. Pozzo, conseillé par l’agent espagnol Enrique Pina, saute sur l’occasion et acquiert un club dans le pays où il passe une grande partie de son temps.
Pour la première saison sous l’ère Pozzo, le club andalou, bien aidé par les onze joueurs prêtés par Udine, remonte en 2ème division. Le club enchaîne une seconde promotion consécutive et retrouve avec l’élite, 35 ans après l’avoir quittée et juste après être passé proche de la liquidation. Mais comme vous vous en doutez, Grenade ne joue pas les premières places mais bien le maintien, et la qualité de sa saison dépend en partie de la qualité des joueurs qu’envoie la maison mère, à l’instar de l’axe Chelsea – Arnhem. Cependant le club semble avoir trouvé un équilibre sportif et cela grâce à la politique de Pozzo. De plus, les espagnols semblent se détacher à minima d’Udinese, en témoigne la réduction d’année en année des joueurs prêtés par le club italien.
Après les montagnes du Frioul, le soleil d’Andalousie, Pozzo continue d’agrandir son empire et devient, en 2012, le propriétaire du club anglais de Watford. Pour 25 Millions d’euros, Pozzo achète le club du nord de Londres alors en Championship. Des questions se posent en Angleterre sur les réelles ambitions de Pozzo ; pourquoi acheter un 3ème club dans un pays dont il ne parle même pas la langue ? La réponse est simple, il suffit de jeter un oeil sur les droits TV pour comprendre son choix.
Si le club parvient à accéder à l’élite, son investissement sera quoi qu’il advienne rentabilisé, car la somme gagnée par la lanterne rouge de Premier League atteint les 100 Millions d’euros. Plus que celle du champion de Ligue 1, oui. Pour cela, Pozzo ne lésine pas sur les moyens et lors de la première saison, pas moins de 10 joueurs débarquent d’Udinese dans le but de décrocher le ticket gagnant. Seulement le club se fait éliminer durant les playoffs et devra donc encore attendre un retour chez les grands. Après une saison 2013-2014 ratée où le club termine en milieu de tableau mais la saison suivante est plus aboutie puisque, grâce à de nouveaux renforts gratuits, la Yellow Army retrouve la Premier League. Pozzo réalise donc son rêve, avoir 3 clubs dans l’élite et ce dans trois championnats majeurs distincts.
L’accession de Watford a posé des problèmes à Pozzo et son fonctionnement. En effet, initialement, Udinese prêtait ses joueurs un an à Grenade ou inversement. Ce petit stratagème est limité en Angleterre puisqu’un club est interdit de posséder plus de cinq joueurs en prêt. Cependant cette règle n’est applicable que d’un point de vue national, les prêts internationaux sont eux autorisés car considérés comme de véritables transferts. Seulement, certains adversaires des Hornets se plaignent, comme l’ancien entraîneur de Crystal Palace : “Il est injuste qu’un club puisse bénéficier d’un tel passe-droit. Nous, nous ne pouvons faire jouer que deux joueurs prêtés. On doit leur faire respecter les règles.” (Ces propos sont intervenus après que Watford ait aligné 8 joueurs prêtés lors de l’opposition entre les deux2 équipes. ndlr)
Pour éviter ce genre de mécontentements, Pozzo a donc réglé le problème en toute légalité ; les transferts définitifs se font à moindre coût et servent à camoufler des transferts temporaires, qui remplacent les prêts d’un an.
Autre problème de poids, si deux des clubs de Pozzo se qualifient pour une compétition européenne, seul un pourra y participer et laissera l’autre sur le carreau. En effet, deux clubs liés financièrement ne peuvent participer à une même compétition. Si cela devait arriver, Pozzo l’a dit, priorité au cœur et donc à Udinese.
Quant aux supporters, ceux de Grenade et Watford reconnaissent bien évidemment l’apport de Pozzo et l’en remercie, mais les tifosi italiens eux voient plus cette collaboration comme une perte d’argent pour leur club. Mais la question qui se pose, c’est jusqu’où s’arrêtera l’expansion de l’empire Pozzo ? La Ligue 1 ?