Dijon a-t-il trouvé le parfait équilibre ?
Malgré un début de saison compliqué causé par un calendrier difficile, Dijon est en train de se donner de l’air après avoir affronté les cadors du championnat (Paris, Monaco, Marseille et Lyon). En enchainant quatre victoires en cinq matches, les Bourguignons signent une série record en Ligue 1 et montrent une régularité, chose qu’Olivier Dall’Oglio cherchait depuis leur retour parmi l’élite.
Après avoir joué sept équipes de haut de tableau lors de leurs 11 premières rencontres en championnat, les Dijonnais n’ont pas abdiqué et sont actuellement 12ème grâce à leurs victoires face à Metz à l’extérieur (2-1) et Nantes (1-0), Troyes (3-1) et Toulouse (3-1) à domicile en l’espace d’un mois. Aile de Pigeon vous explique pourquoi le DFCO va mieux.
Un recrutement astucieux
Beaucoup de « spécialistes » enterraient le DFCO avant le début de la saison après les départs des deux cadres Loïs Diony et Pierre Lees-Melou, respectivement pour Saint-Étienne et Nice. Cependant, le président dijonnais Olivier Delcourt a réussi un mercato très malin en accueillant huit joueurs. Avec ces huit recrues, le club côte-d’orien s’est offert cette saison une réelle profondeur de banc dans tous les compartiments du jeu.
Cédric Varrault et Florent Balmont, les deux doyens de l’équipe. ©DFCO
Une largeur d’effectif qui offre à Olivier Dall’Oglio et son staff un plus grand choix dans son onze de départ, ainsi que de la concurrence à tous les postes pour permettre d’enchainer des matches avec une possibilité d’effectuer des turn-over avec des joueurs de qualité relativement égale, notamment lorsqu’arrivent des semaines à trois matches, comme celle que va jouer le DFCO qui se déplace à Amiens mardi, avant de recevoir les Girondins de Bordeaux vendredi.
Parmi eux, des jeunes prometteurs, des hommes expérimentés et des joueurs mis de côté par leur ancien club. Seulement 15ème budget de Ligue 1 Conforama, Dijon prouve qu’il sait recruter très intelligemment sans dépenser des sommes astronomiques. Sébastien Larcier, responsable de la cellule de recrutement, a réalisé des gros coups cet été en recrutant Lautoa, Massouema, Yambéré, Jeannot, Sliti, Saïd ainsi que Xeka et Djilobodji dans les dernières heures du mercato. Des arrivées qui viennent faire oublier les départs de Diony, Lees-Melou, Lotiès, Abdelhamid, Bela, Rivière et Martin.
Olivier Dall’Oglio et Olivier Delcourt, une collaboration efficace depuis 2013 © IconSport
Une sérénité défensive retrouvée
4ème pire défense la saison passée avec 58 buts encaissés (environ 1,53 buts concédés par match), Dall’Oglio a insisté cet été sur sa volonté de rigueur défensive du DFCO. Cela passe par la conservation du fidèle gardien de but Baptiste Reynet ainsi que par un renforcement dans le secteur défensif qu’il a fait passer en priorité lors du mercato estival, opération réussie avec les arrivées de trois défenseurs centraux : Cédric Yambéré en provenance de Bordeaux, Wesley Lautoa de Lorient et Papy Djilobodji prêté par Sunderland (Championship).
Malgré la terrible blessure de Lautoa lors de la première journée au Vélodrome, le staff dijonnais garde une grosse concurrence à ce poste avec l’infatigable capitaine de cette équipe Cédric Varrault (37 ans) qui titille les jeunes Djilobodji et Yambéré. De plus, la montée en puissance du néo-international espoir Valentin Rosier apporte encore plus de possibilités à Dall’Oglio qui peut compter sur lui pour concurrencer l’ancien latéral droit lavallois Fouad Chafik. Très remuant offensivement et doté d’une lucidité impressionnante pour son âge, Rosier offre également beaucoup de polyvalence et peut également jouer sur le côté gauche de la défense où s’est installé le tunisien Oussama Haddadi depuis son arrivée au club l’hiver dernier.
Un jeu toujours tourné vers l’avant
Trop peu encensé pour son jeu offensif et très esthétique mis en place depuis la saison passée par le brillant tacticien qu’est Olivier Dall’Oglio, le DFCO est pourtant la 5ème meilleure attaque de Ligue 1 cette saison (6ème meilleure attaque la saison passée avec 46 buts) derrière le quatuor de tête du championnat, avec 20 buts inscrits en 14 matches.
Il est vrai que les départs de Lees-Melou et Diony sont une grande perte pour le club bourguignon, mais ils ont été astucieusement paliés par de nombreuses arrivées : Xeka, un excellent milieu central portugais dont le poste préférentiel est celui de meneur de jeu, prêté par le LOSC, Naïm Sliti, également prêté par le LOSC, qui est un très bon ailier qui a la capacité de s’exercer en tant que meneur de jeu, tout comme Wesley Saïd, acheté 1,5 millions d’euros au Stade Rennais ainsi que l’attaquant de pointe Benjamin Jeannot, en provenance de Lorient.
L’ex-attaquant lorientais, actuellement blessé depuis deux semaines, a retrouvé des couleurs depuis son arrivée en terre bourguignonne. Auteur de trois buts depuis le début de la saison alors qu’il n’avait pas marqué depuis plus d’un an et demi, le néo-dijonnais a déjà fait chavirer les cœurs des supporteurs avec son but stratosphérique à Gaston-Gérard face au PSG il y a deux mois. De quoi mettre un petit coup des pressions à ses concurrents directs.
Auteur de quatre buts et deux passes décisives, l’attaquant capverdien Julio Tavares est un des cadres de longue durée en Côte d’Or. Alors qu’il est devenu le meilleur buteur de l’histoire du DFCO après son but victorieux fac à Nantes le 28 octobre, le buteur dijonnais a également écrit une nouvelle page dans l’histoire du DFCO en inscrivant le 100ème but du club en Ligue 1… Des records ainsi qu’une régularité qui font de lui le pilier de l’attaque dijonnaise ! Souvent critiqué pour son manque de technique et de vitesse, le buteur africain a tout de même conquis progressivement le cœur des fans dijonnais.
Il est vrai que Tavares a un rôle assez ingrat qu’est celui de pivot puisqu’il joue beaucoup dos au but, mais son jeu de tête et sa qualité de déviations est quasi irréprochable. Son efficacité devant le but lui a également permis de se forger une place de titulaire indiscutable au sein du 11 de Dall’Oglio. Cette efficacité lui avait d’ailleurs permis de battre le record du triplé le plus rapide de l’histoire de la Ligue 2 (6 minutes) face à Clermont en 2015, lors d’une victoire spectaculaire 4-1. Un homme généreux et chaleureux qui restera à jamais dans l’histoire du très jeune club dijonnais (ndlr : né en 1998) et, surtout, dans le cœur des supporters.
Julio #Tavares dans l’histoire du @DFCO_Officiel ➡️55 buts en championnat pour les #Rouges ! ➡️https://t.co/epJ4pSyi1W#DFCO #SuperJulio pic.twitter.com/1NY353KmS0
— Dijon FCO (@DFCO_Officiel) 20 août 2017
La montée en puissance de Kwon
En plus de ces nombreux renforts estivaux, le sud-coréen de 23 ans Chang-Hoon Kwon est une des révélations de ce début de saison dijonnais. Arrivé l’hiver dernier en provenance du Suwon Bluewings, l’international coréen était un des gros paris d’Olivier Delcourt : « Quand on a su que c’était réalisable,nous avons redoublé d’effort pour finaliser ce dossier prioritaire ». Sébastien Larcier, responsable de la cellule de recrutement, complète les propos de son président : «C’est un pari, une opportunité. C’estaussi une ouverture pour l’avenir, si ça marche, ça peut nous ouvrir d’autres opportunités sur ce marché. En tout, le staff semble confiant sur son intégration ».
Le milieu offensif dijonnais célèbre son but avec son ami Oussama Haddadi © Made in DFCO
Auteur de 4 buts et 2 passes décisives depuis le début de la saison, le milieu offensif asiatique est vite devenu un des chouchous du public bourguignon. C’est un joueur spectaculaire et très vif, capable d’éliminer des joueurs dans de petits espaces et de lâcher le ballon au bon moment. Si les dirigeants ont décidé de s’offrir la pépite coréenne l’hiver dernier, ce n’est pas anodin et irréfléchi… bien au contraire ! L’équipe avait besoin de renfort pour élargir son effectif dans le secteur offensif et espérer décrocher son maintien mais les objectifs de ce recrutement visaient surtout le long terme. Le club se doutait bien qu’il serait compliqué de retenir des cadres comme Loïs Diony (7 buts, 7 passes décisives) et Pierre Lees-Melou (7 buts, 3 passes décisives) lors de la prochaine période des transferts et a donc pensé à le recruter six mois avant pour qu’il puisse s’intégrer correctement, comme le précise Olivier Delcourt lors de la signature : « Il voulait à tout prix venir jouer en Europe et nous sommes très heureux qu’il ait choisi le DFCO. Il n’est jamais évident de s’acclimater à un nouveau pays, à une nouvelle culture et à un football différent. Nous allons tout faire pour l’accueillir au mieux et l’aider à s’adapter rapidement. ». Même s’il ne parle pas encore le français, Kwon avoue s’être très bien intégré grâce à ses coéquipiers et son staff. Cela se ressent réellement sur les terrains, où il a énormément progressé depuis son arrivée.
Un milieu de terrain bien garni
Avec l’arrivée de Xeka ainsi que le retour de blessure de l’international algérien Mehdi Abeid, l’entrevue dijonnais est plutôt bien fleuri cette saison. Dijon commencer même à avoir des « problèmes de riche » puisque 4 à 5 milieux de terrain dont disposent Olivier Dall’Oglio peuvent prétendre à une place de titulaire.
Romain Amalfitano, métronome du jeu dijonnais est une des grosses surprises depuis la saison passée. Milieu offensif, voire même excentré, de formation, l’ancien de Newcastle a été repositionné en sentinelle par son coach, poste qui lui va comme un gant puisqu’il réalise des performances assez incroyables pour un joueur de ce gabarit. Époustouflant à la récupération et doté de la technique d’un 10, le frère de Morgan Amalfitano est un des gros coups de cœur du stade Gaston-Gérard depuis le début de la saison. A ses côtés se titillent Jordan Marié, milieu relayeur fait maison, Mehdi Abeid, milieu relayeur très talentueux ainsi que Xeka et Balmont, les deux anciens lillois. Une concurrence qui va jusqu’à poser des problèmes de tactique pour le coach de 53 ans qui alterne entre un 4-4-2 et un 4-2-3-1 pour une plus grande présence au milieu de terrain. Un mal pour un bien.
Pour sa troisième saison en Ligue 1, le DFCO monte en puissance grâce à une politique menée par un président très impliqué et fidèle aux valeurs du club, une cellule de recrutement toujours aussi maligne ainsi qu’un groupe de joueurs évoluant dans un club à l’ambiance très familiale, mais aussi un excellent tacticien qui fait un travail remarquable avec son staff depuis qu’il a repris les rênes de l’équipe en 2013. Dijon peut s’installer confortablement dans ce championnat et, pourquoi pas, aller chercher progressivement mieux qu’un maintien ou qu’une place dans le ventre mou du classement.