Lille en plein naufrage
23 mai 2017. La poignée de main entre Gérard Lopez, nouveau président, et la pièce maîtresse de son projet, Marcelo Bielsa, révèle l’aube d’un projet ambitieux au LOSC. Dix mois après, cette poignée de main n’est plus que poussière et rien ne s’est passé comme prévu à Lille.
Ca grogne chez les Dogues. Les dirigeants sont au centre de toutes les critiques au vu de la situation de Lille cette saison. Il ne leur aura pas fallu longtemps pour semer la pagaille au sein du club lillois. Pas si étonnant quand on se renseigne sur le passé de Gérard Lopez. A vrai dire, il a laissé une empreinte assez mitigée dans le monde de la Formule 1, plus particulièrement chez Lotus. Écurie qu’il a acquise en 2009, avant de la céder à Renault pour l’euro symbolique six ans plus tard. Entre temps, l’homme d’affaires hispano-luxembourgeois a eu le temps de faire couler la team britannique, laissant derrière lui un lourd déficit. Le fait que le LOSC soit dans le collimateur de la DNCG depuis le mois de janvier (relégation provisoire en Ligue 2 due à une situation financière inquiétante) vient confirmer l’incompétence de son président. Bref, de quoi se demander comment Michel Seydoux a-t-il pu céder le club qu’il avait bichonné pendant quinze années à un homme d’affaires sans expérience footballistique, et au passé de dirigeant inquiétant.
Le pire, c’est que le président lillois n’est pas le seul à être pointé du doigt. Ce n’est même qu’une petite entorse alors que Lille connaît une fracture beaucoup plus profonde.
L’énigme Bielsa
Non, Marcelo Bielsa n’a pas été à la hauteur et semble s’être complètement planté à tous les niveaux lors de son court séjour dans le Nord de la France. Dès son arrivée, il a reçu une confiance aveugle de son président. Celui-ci doit aujourd’hui se mordre les doigts d’avoir, en quelques sortes, offert les pleins pouvoirs à l’ancien coach marseillais. Du jamais vu dans l’histoire du football français. 22 départs l’été dernier, mais surtout des cadres poussés à la porte par l’argentin qui n’en voulait pas : Mavuba, Éder, Basa ou encore Bauthéac et Palmieri. Sans oublier le gardien Vincent Enyeama, l’un des meilleurs de Ligue 1 lors des trois dernières saisons, placé dans le “loft” par son entraîneur l’été dernier. Un choix totalement incompréhensible que le portier nigérian paye très cher. Malheureusement, le sélectionneur du Nigéria a annoncé qu’il ne pourrait pas sélectionner un joueur qui ne joue pas en club, visant directement Enyeama, pour la Coupe du Monde. Celle qui aurait pu être sa dernière. En plus d’avoir mis à la porte les piliers de l’équipe et probablement détruit la carrière d’Enyeama, Marcelo Bielsa a procédé à un recrutement de masse basé sur des jeunes joueurs à fort potentiel, notamment des sudaméricains. Aujourd’hui, Lille est la plus jeune équipe des cinq grands championnats européens avec une moyenne d’âge de moins de 23 ans.
Certains y voyaient du génie, d’autres de la pure folie. Au final, ce défi a tourné au cauchemar, et Marcelo Bielsa restera un grand mystère. 19ème avec moins de points que de matchs joués (12 points en 13 matchs), tel est l’état dans lequel Bielsa a quitté le navire. Lorsque le club a annoncé le limogeage de Bielsa en décembre, il dressait un bilan que personne n’aurait pu imaginer après la première journée de championnat (victoire 3-0 contre Nantes). Si tous ces mouvements au mercato résultent de ses choix, El Loco a également dû composer avec le départ d’un de ses meilleurs joueurs : Nicolas de Préville. En manque de liquidité, le club nordiste a été contraint de céder l’attaquant français pour 10 millions d’euros. Ou comment se tirer une balle dans le pied. Si l’Unlimited Project commençait de la meilleure des façons, il allait très rapidement montrer ses limites. En quelques mois, les lillois sont passés de “jouer l’Europe” à “objectif maintien”. Six ans après un titre de champion de France, Lille est aujourd’hui sous la menace de la relégation (19ème à deux points du premier non relégable, Toulouse). Un brin d’espoir a regagné les supporters lors de l’annonce de l’arrivée de Christophe Galtier. Lui qui avait annoncé vouloir passer une année à l’écart de toute activité footballistique après la fin de son long périple stéphanois. Bonne ou mauvaise idée, “Galette” arrive à la rescousse pour faire remonter à la surface un club de Lille en plein naufrage depuis le début de la saison. Celui qui défend un football hargneux et physique a pour mission d’éviter de retrouver la Ligue 2, 18 après l’avoir quittée. Même quitte à voir des matchs hachés se soldant sur un pauvre 1-0 grâce à un but de raccroc à la 90ème minute, les supporters lillois sont preneurs. Sans oublier le fameux 0-0 des familles à l’extérieur. Pas très alléchant, mais relativement efficace jusqu’à maintenant pour le néo-coach des Dogues.
« Union sacrée »
On ne va pas se mentir, l’arrivée de Galtier n’a pas transformé Lille en machine à gagner. Et les supporters n’ont pas hésité à le faire comprendre. Alors que les ultras lillois et les dirigeants avaient décrété “l’union sacrée” quelques jours avant la réception de Montpellier le samedi 10 mars, tout ne s’est pas passé comme prévu dans les tribunes. Les supporters envahissent le terrain au coup de sifflet final et certains individus vont jusqu’à agresser physiquement des joueurs lillois. Une scène choquante alors que le public nordiste a toujours renvoyé une image de public fair-play et convivial. Des actes condamnés par les ultras ainsi que les supporters du LOSC, indignés devant cet incident qui vient compléter une pile de problèmes auquel le président lillois est confronté depuis le début de son aventure en Ligue 1. Ou plutôt de son fiasco… L’heure est grave et les Dogues seront désormais obligés de sortir leurs crocs, et ça dès demain face à Amiens, s’ils veulent éviter le drame.