Evian, l’histoire était belle
Club house du Parc des Sports d’Annecy (Haute-Savoie), samedi 10 juillet 2017. Une grande vente aux enchères débute à 14 heures. Des packs d’eau Evian, des chapiteaux en toile, des tables de massage, des bancs de touche et même une tribune de 2 000 places. Ce sont les restes de l’Evian-Thonon-Gaillard Football Club, officiellement disparu depuis 10 mois. Jean-Paul, sexagénaire et ancien fidèle du défunt club explique à So Foot qu’il s’agît là de “l’enterrement officiel du club”.
Depuis l’hiver 2016, l’Evian-Thonon-Gaillard n’existe plus. Au sortir de la saison 2015-2016, le club descends en National, ce qui génère des dettes de 8 millions d’euros. Actionnaire majeur du club depuis la création du projet en 2005, Danone n’investit pas l’argent nécessaire que demande la DNCG en été 2016. Le policier du foot français rétrograde Evian en CFA, le renvoie directement des championnats nationaux et le dissous l’hiver suivant. Contrairement au Mans FC, Grenoble ou Strasbourg, le club savoyard n’aura jamais la chance de se relever. Pourtant, l’histoire des Roses était belle.
Un projet parti très fort et très vite …
En 2005, Danone veut se lancer dans un projet local en la Haute Savoie et devient actionnaire majeur du Football Croix-de-Savoie. Le club fusionne en 2007 avec l’Olympique Thonon-Cablais pour créer l’Olympique Croix de Savoie en 2007. Evoluant en CFA, l’Olympique monte directement en National et Danone le renomme Evian-Thonon-Gaillard FC en 2009. Le club entre dans le monde du foot professionnel, et monte en Ligue 2 en 2009-2010. Déjà une sensation du football français qui surfe sur la vague l’année suivante avec le sacre de l’ETG en Ligue 2. Des joueurs de haut niveau comme Christian Poulsen, Sydney Govou, Daniel Wass ou Jérome Leroy rejoignent le club, les vieux briscards (Cédric Barbosa et Olivier Sorlin) restent. La saison 2011-2012 est encore plus exaltante, avec une neuvième place obtenue en Ligue 1.
…Qui a coulé et disparu tout aussi rapidement
Mais tout se complique ensuite. S’il atteignent la finale de la coupe de France en 2012-2013, les Savoyards se maintiennent de justesse en Ligue 1 (16èmes). Même parcours cahoteux les deux années suivantes en championnat. En 2014, Evian se sauve lors de la dernière journée en s’imposant 3-0 à Sochaux, puis termine dix-huitième en 2015 et meurt un an et demie plus tard, dissout juridiquement le 7 juillet 2016. On peut peut-être expliquer la décadence sportive du club par le manque d’ambition qui a suivi la montée en Ligue 1, avec des mercato pas assez ambitieux. Le club n’a fait que stagner et donc régresser depuis son arrivée dans l’élite en 2011-2012.
L’héritage de l’ETG
Aujourd’hui, il ne reste plus que le Thonon-Evian-Savoie FC, héritage officiel de l’ETG évoluant en R2. Si l’Evian-Thonon-Gaillard est reparti aussi vite qu’il est arrivé du plus haut niveau, le football professionnel n’est peut-être pas mort en Haute Savoie. En tant qu’héritier de cette histoire aussi belle que courte, le Thonon-Evian-Savoie aura l’occasion de faire honneur au foot savoyard. Tout va vite au football. En attendant, Jean-Paul et les nostalgiques de l’ETG ont perdu ce club, qui avait fini devant l’OM en 2012, battu le PSG d’Ibra en 2013, ou encore avait coloré de rose les gradins du Stade de France un soir de finale de Coupe de France. En parlant de tribunes, celle de 2 000 places a été achetée aux enchères par Amiens et servira à la rénovation du Stade de la Licorne. Comme une trace de l’ETG en Ligue 1.